mardi 20 juillet 2010

Laissez-nous conduire ou nous donnons le sein à tous les chauffeurs étrangers ! (suite)

Des femmes saoudiennes veulent utiliser une fatwa controversée à leur avantage et lancent une campagne pour enfin obtenir le droit de conduire dans le royaume conservateur. Si elles n’obtiennent pas satisfaction, elles menacent d’appliquer à la lettre l’édit religieux les autorisant à donner le sein aux hommes qui les conduisent pour en faire l’équivalent de leurs fils. Leur campagne aura pour slogan : “Laissez-nous conduire ou nous donnons le sein à tous les chauffeurs étrangers”, rapporte un journaliste à Gulf News. Amal Zahid explique que les femmes ont pris cette décision à la suite de la publication de la fatwa controversée, jugée à la fois étrange et drôle, qui a été édictée récemment par Cheikh Abdul Mohsen Bin Nasser Al-Obeikan, membre du Conseil des grands oulémas d’Arabie Saoudite et conseiller du roi. D’après Al-Obeikan, les femmes saoudiennes ont le droit de donner le sein à leurs conducteurs étrangers afin d’en faire l’équivalent de leurs propres fils et frères de leurs filles. En devenant ainsi membres de la famille, les étrangers peuvent se mêler librement au reste du foyer sans violer la loi islamique interdisant aux hommes et aux femmes de frayer ensemble. Dans l’islam, la relation entre frères et sœurs de lait est jugée aussi importante que la fratrie de sang. “Une femme peut donner le sein à un homme adulte afin d’en faire son fils. De cette manière, celui-ci pourra la fréquenter, elle et ses filles, sans enfreindre la loi islamique”, a déclaré Al-Obeikan. Le religieux a fondé sa fatwa sur un hadith du Prophète, rapporté par Salim, serviteur d’Abu Huzaifa. Par la suite, Al-Obeikan a expliqué que sa parole avait été déformée par les médias locaux, qui n’avaient pas précisé que le lait devait être tiré de la femme et donné à l’homme dans une tasse. Plusieurs femmes saoudiennes ont condamné cette fatwa. Le quotidien arabe Al-Watan cite l’une d’elles, qualifiant cette loi de “ridicule et bizarre”. “Cette fatwa crée la polémique chez les femmes. Est-ce vraiment tout ce qui nous reste à faire : donner le sein à des étrangers ?” poursuit-elle. “La religion islamique me laisserait donner le sein à un étranger mais je n’aurais pas le droit de conduire ma propre voiture ?” s’interroge une autre femme saoudienne, sous couvert d’anonymat. “Je n’ai pas donné le sein à mes propres enfants, comment pourrais-je le faire avec un étranger ? C’est n’importe quoi !” s’insurge-t-elle. D’après une autre femme, la fatwa devrait également s’appliquer aux maris, qui devraient alors téter le sein de leurs employées de maison. “Comme ça, ils deviendraient frères et sœurs”, explique-t-elle. Hamid Al-Ali, journaliste pour un magazine en ligne, se souvient d’un chauffeur égyptien qui s’était amouraché de l’institutrice qu’il emmenait à l’école. Il lui avait demandé de lui donner le sein et, quand celle-ci avait refusé tout net, il avait répondu : “Je veux devenir votre fils.” “Les femmes doivent-elles donner le sein à leur chauffeur en présence du mari ou peuvent-elles faire cela en privé ?” avait demandé avec ironie Suzan Mashhadi, écrivain d’origine saoudienne, à Al-Obeikan. “Qui protégera la femme si le mari rentre chez lui et trouve inopinément sa femme en train de donner le sein à un étranger ?”
Courrier International. 24-6-2010.

1 commentaire:

Iker Otsoa a dit…

Comme quoi, les écritures saintes portent bien leur nom.